Depuis 1996, chaque jour, le gold market de Tbilissi accueille des centaines de clients. Pour les locaux, les bijoux vendus au marché sont gages de qualité et de bonnes affaires. Mais ce labyrinthe doré se fait de plus en plus connaître des clients étrangers.
Au premier étage de la gare centrale de Tbilissi, une enseigne aux couleurs jaunes se distingue. Dix lettres brillent : « gold market ». Derrière ses portes vitrées, un marché couvert labyrinthique fourmille de monde et d’étales de bijoux. Or, argent et pierres précieuses se succèdent à perte de vue.
Des milliers de clients s’affairent devant les vitrines en verre en quête d’aubaines. Les visiteurs se bousculent pour circuler dans les allées. Le gold market ne semble jamais désemplir. « En hiver, c’est pourtant la basse saison ! » lance Manana Lazviashvili, vendeuse depuis l’ouverture du gold market de Tbilissi en 1996.
Bagues, bracelets, pendentifs, boucles d’oreilles de toutes formes et de tous métaux sont présentés. Salomé, une géorgienne de 29 ans, est venue exprès pour cette raison : « on y trouve tout, il y a tellement de bijoux différents et de possibilités, je savais que j’allais repartir avec quelque chose », sourit-elle avec sa nouvelle bague en or au doigt. Grate, un touriste nigérien de 16 ans, s’y perd au milieu de ce faste: « J’aimerais m’acheter un pendentif mais c’est trop compliqué, il y a trop de bijoux à regarder, cela fait déjà deux heures que nous sommes ici. »

Une provenance géorgienne, gage de qualité
Lela Verdzeuli, vendeuse au gold market, précise la provenance de ses bijoux: « Tout est tracé, l’or vient de Géorgie ou de Turquie et les pierres de Dubaï », assure-t-elle. Des alliages en or de 9 à 24 carats sont disponibles. Dans l’allée voisine, Ekaterine, une géorgienne de 50 ans essaye des boucles d’oreilles en or pour les offrir à sa fille: « J’achète des bijoux occasionnellement et le gold market est gage de haute qualité! »
Pour contrer les arnaques, les clients avertis demandent systématiquement la provenance et la nature de l’or. Salomé recommande de peser le bijou « les métaux précieux pèsent beaucoup plus lourds, c’est un bon indicateur pour éviter l’arnaque au gold market ». Plus méfiant, Soumaré, étudiant nigérien à l’université de Tbilissi n’achète que des bijoux en argent, « c’est plus facile de vérifier que l’or », note-t-il.

Les touristes s’agglutinent devant un stand de bijoux en minankari. Cette pièce de joaillerie géorgienne en émail est « le produit le plus acheté par les clients étrangers », explique la vendeuse Manana Lazviashvili. Nina, une allemande de 24 ans, le confirme. Elle achète trois pendentifs d’un coup : « C’est typique et fait-main, je trouve que c’est le souvenir parfait à ramener chez soi ! »
Le minankari est un bijou ancestral géorgien. La technique utilisée est celle de l’émail dit « cloisonné ». Pour l’assembler, les artisans travaillent plusieurs types et couleurs d’emails et forment une scène sur le bijou. L’email bleu et vert représente le ciel et la terre. Au gold market, les vendeurs proposent des palettes de minankari différentes avec des différentes scènes comme des fleurs ou des oiseaux.
Un marché méconnu des touristes
Si quelques touristes achètent au gold market, ils représentent une infime partie des clients. « Je dirais que les touristes représentent 2% de notre clientèle », relativise Manana. « C’est une pépite encore inconnue des touristes. Ils vont plutôt dans les boutiques dans la vieille ville. Ici, au Gold market, il y a surtout des locaux », commente Alan, un allemand de 23 ans qui a vécu deux ans à Tbilissi. Grate, le jeune touriste nigérien confirme : « Je connais seulement cet endroit grâce à mon frère qui étudie depuis 1 an à l’université de Tbilissi. Je n’aurais jamais trouvé tout seul ».
Ce manque de popularité auprès des visiteurs étrangers, permet de garder des tarifs exceptionnels. « Si les touristes venaient en nombre, les prix seraient bien plus élevés », souligne le tourisme allemand. Certains bijoux en argent peuvent commencer à 30 laris, l’équivalent de 10 euros. Pour acheter de l’or, les 8 carats commencent à 120 laris, soit environ 40 euros. Les plus belles pièces de 24 carats vont de 300 à 1500 euros.
L’inflation n’a pas épargné ces commerces. « Avant, les clients achetaient des bijoux par plaisir. Maintenant c’est plus par nécessité lors de certaines occasions », constate Nella, vendeuse depuis 30 ans au Gold Market de Tbilissi. Ce n’est pas Byzance mais les amateurs de bijoux répondent toujours présents.